Ebola : une bonne leçon pour les Africains
La situation est de plus en plus critique en Afrique de l’Ouest où le virus Ebola fait des ravages. La propagation de l’épidémie est aussi un défi aux autorités politiques, à la communauté scientifique et à tous les acteurs concernés.
Depuis la découverte et la confirmation du premier cas de la fièvre à virus Ebola en mars 2014 en Guinée, en Afrique de l’Ouest jusqu’à maintenant avec la confirmation de 2 cas en République démocratique du Congo en Afrique centrale, on n’a pas vraiment constaté d’exploit de la part d’un quelconque acteur africain concerné si ce n’est les braves médecins et soignants qui ont subi le même sort que la majorité de leurs patients.
Alors que les chiffres ravageurs de la maladie inquiètent, hormis le fait de n’avoir pas investi dans la recherche préventive d’une telle catastrophe, force est de constater que toutes les politiques mises en place contre la propagation de la maladie se sont révélées inefficaces. Nos rarissimes spécialistes disponibles ont même été emportés, désormais, on ne peut donc qu’être à la merci totale du soutien extérieur.
Pendant que la population sans moyens fait face à Ebola, ce qui préoccupe les autorités politiques africaines, c’est de régler les polémiques créées par les détournements au quotidien de fonds publics. Ou encore, ceux qui sont les premiers concernés à ce jour, se préoccupent du transfert illicite de milliards de francs interceptés par des « honnêtes hommes » : (hahaha, le douanier c’est comme ça, il a le flair du sésame et s’il n’a pas sa part dedans, c’est que ça passera pas).
Ce sont là des explications bancales qui ont toujours justifié ce genre de comportement. Comment pouvons-nous alors prétendre bénéficier d’aide extérieure ? Tout le monde est témoin qu’il a fallu (hahaha, bien sûr que c’est malheureux; on ne souhaite jamais le malheur à son salvateur) que le virus Ebola contamine deux Américains, un médecin et un missionnaire lors de la prise en charge de cas africains, pour que nous apprenions que Zmapp et Favipiravir, des sérums expérimentaux, existaient. Et même l’existence de vaccins aussi en expérimentation ; VSV-EBOV, TKM-Ebola, Nano Silver, le vaccin de GSK, etc. C’est à ce moment aussi que des voix se sont élevées pour annoncer comment Ebola doit être stoppé. Si ce n’était cela, on aurait regardé Ebola nous décimer à volonté !
OOAS muette
Tous les regards des dirigeants ouest-africains se sont alors tournés vers l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ses partenaires alors qu’en Afrique de l’Ouest, il existe une structure, à l’image de l’OMS, qui s’occupe des questions de santé locale de 16 Etats ouest-africains. Il s’agit de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) ; sa voix est inaudible depuis l’avènement de l’épidémie de fièvre Ebola. Pourquoi cette institution est-elle muette depuis lors ? Certainement qu’elle n’a pas été dotée de fonds pour l’occasion. On se demande même pourquoi elle a été mise en place. Nos Etats n’allouent pas les fonds où il le faut et quand il le faut !
Voilà que des fonds publics sont transférés illicitement pour aller être « coffré fortement » hors du continent pendant que les laboratoires et centres de recherche et leurs personnels sont au chômage technique, car n’ont pas assez de soutien financier pour acheter les matériels et de réactifs. Je sais bien cela pour avoir fréquenté quelques centres de recherche et fait mes études dans deux universités d’Afrique de l’Ouest, les deux meilleures d’Afrique francophone. En réalité, les laboratoires sont presque vides. Ce qui fait avancer la majorité des chercheurs africains, c’est les collaborations avec leurs homologues des pays du Nord. Quand vous entendrez qu’un chercheur africain a fait une découverte, il est fort probable que ladite découverte a été faite dans un laboratoire d’une université ou d’un centre collaborateur hors d’Afrique. C’est pourquoi la compétition est rude autour des rares fonds ou bourses de recherche offerts par les institutions ou des universités extérieures dans le cadre de coopération. C’est désolant ! Dans cette situation, c’est difficile de mettre Ebola dans les programmes de recherche, vue même qu’elle n’était même pas d’actualité.
Depuis que l’existence de sérum et de vaccins en expérimentation est en train d’être signalée ça et là, les scientifiques africains n’ont rien à exhiber, à l’exception d’un Nigérian de la diaspora qui travaille là-bas, en collaboration avec des collègues toujours de là-bas. Ce n’est pas que la connaissance manque, il y a de grands scientifiques africains qui bénéficient de respect auprès de leurs pairs occidentaux. Il y a aussi des chercheurs potentiels. Quelque chose aurait pu être fait.
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Par Julien DEMBELE, MSc.
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